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Élise Bisschop naît en 1925 à 200 km au sud de Paris, dans le département de l’Yonne ; elle y passera toute sa vie.

“La joie est entrée en ma vie : j’étais petite, en ce temps-là ! L’avais-je cherchée ou suivie ? Elle m’a prise, et puis voilà !”

2

Élise est malade depuis son enfance. Une maladie des bronches la poursuivra durant toute sa vie, avec de nombreuses hospitalisations.

“Je me suis consacrée au Seigneur à l’âge de onze ans, acceptant à la fois d’être malade toute ma vie et par conséquent de ne pas me marier.”

3

À partir de ses 13 ans Élise écrit des poésies et chansons. On y trouve sa foi, sa joie et son observation spirituelle de la création.

“Autrefois, je croyais que je serais désespérée si je ne pouvais plus dessiner, chanter, composer des poésies…”

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Quand Élise a 16 ans l’abbé André Générat devient le curé de Mailly-le-Château. Élise lui donne une confiance absolue.

“Vous n’avez pas oublié non plus le jour de votre arrivée à Mailly, j’en suis sûre… Père, dès ce jour-là j’avais placée mon âme dans la vôtre.”

5

La meilleur amie d’Élise s’appelle Victoria. Issue d’une famille d’immigrés espagnoles, Élise la conduit à vivre dans la foi.

“Et pourtant, même séparées, je me trouve si heureuse de pouvoir compter sur ton affection, et penser à toi comme à ma seule « vraie » petite sœur.”

6

Dès ses vingt ans, après la guerre, Élise commence à enseigner le catéchisme. Elle s’occupait déjà, avec des amies, du groupe des filles.

“Savez-vous quelle a été ma première préoccupation, quand j’ai compris que j’étais immobilisée pour longtemps ? Mes tout-petits.”

7

Quand l’abbé Générat est nommé à Saint-Florentin en 1957, l’abbé Pierre Van Ede de Châtel-Censoir vient aider la paroisse en difficulté.

“Depuis un mois, ça allait mieux, car le curé de Châtel était venu… Quand M. le curé a dit quelque chose, à présent, tout est dit.”

8

Élise entame une importante correspondance avec l’abbé André Générat. Elle lui donne des nouvelles et elle lui demande des conseils pour sa vie spirituelle.

“Voulez-vous réfléchir à cela, mon Père, et prier pour moi ?”

9

Des Sœurs Dominicaines soutiennent les dames catéchistes de Mailly-le-Château. Élise apprend à connaître le Père Jourdain Bochin, dominicain de Dijon.

”Il m’aidera, lui dominicain, à devenir dominicaine, mais je reste Élise ; disons qu’il rajoute quelques couleurs à la toile.”

10

En 1959, l’abbé Marcel Girard est finalement nommé nouveau curé. Élise l’aime beaucoup.

“Ici, la paroisse reprend vie car nous avons la grande grâce d’avoir un prêtre – vraiment « prêtre » : c’est tout dire, et toi tu sais bien ce que j’entends par là…”

11

La suggestion d’une des Sœurs de devenir tertiaire dominicaine fait son chemin. Élise fait ses vœux lors du pèlerinage à Lourdes en 1962.

“Au moment de m’engager je voulais que ce soit la Sainte Vierge qui me force la main, en quelque sorte, afin d’être sûre de ne pas me tromper.”

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Après une dernière crise de santé, Élise meurt à l’ancien hôpital d’Auxerre le 9 avril 1964. Elle avait 38 ans.

“Je crois être bien en état d’offrande et d’abandon.”

13

L’abbé Girard demande à l’abbé Générat de venir célébrer les obsèques d’Élise le 13 avril. L’abbé Générat cite les lettres reçues. L’abbé Van Ede met l’homélie dans son journal paroissial avec le titre “Une sainte de chez nous”.

“Nous soupçonnons la grandeur de cette âme.”

14

Le Père Bochin eut le recueil manuscrit des compositions poétiques et musicales d’Élise ; il en prépare des copies et les fait distribuer sous le titre de “Poésies et chansons”. Il y ajoute une préface riche de renseignements.

“À l’école de son Seigneur, elle a appris à aimer et à répandre la joie.”

15

L’abbé Girard écrit une lettre à une amie d’Élise pour lui annoncer son décès. C’est sans doute lui qui est à l’origine du titre de l’article de Châtel.

“Dans quelque temps (quelques années peut-être) je pense qu’on éditera une plaquette « Une sainte de chez nous » !”

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Après ces témoignages élogieux, l'histoire d’Élise sommeillera pendant 42 ans. En 2006 une paroissienne évoque le souvenir de son amie Élise auprès du Père Dominique-Marie Morstad, vicaire de la paroisse.

“Il faut que vous lisiez les poésies ; c’est important ! Élise était une sainte ; je l’ai connue.”

17

Dans la préface, le Père Bochin rapporte un chose méconnue : la devise d’Elise. Lors de son entrée dans la famille dominicaine, elle devait se présenter.

“Ma devise depuis l’âge de 13 ans (je pense) : sourire à tout et à tous, par amour pour Jésus.”

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Des questions légitimes se posent : Élise, a-t-elle vécu selon ses poésies ? Pourquoi n’est-elle pas davantage connue et valorisée ?

Une main invisible ne cessera de guider les recherches et d’apporter les réponses.

19

Août 2007, neuf lettres d’Élise et une autre, écrite par l'abbé Marcel Girard, sont montrées au vicaire de la paroisse.

“Je suis sûre que ma souffrance même va servir à mes chères petites sœurs  ; au fond, tant que j’avais pas souffert par elles, pouvais-je me vanter de les aimer vraiment ?”

20

Élise entretenait une forte amitié avec Victoria et Gilberte. On retrouve Gilberte à Auxerre en juin 2008. Elle a des photographies.

“Même si Élise était souvent absente elle restait la première de la classe. Elle ne se mettait jamais en colère.”

21

Juin 2010, une plus jeune amie, Marcelle, ayant su l’intérêt pour Élise, apporte au presbytère l’article de Châtel-Censoir ; elle l’avait précieusement conservé.

L’ancienne réputation de sainteté de la part du clergé refait surface, 46 ans après.

22

On découvre une partie de la correspondance entre Élise et l‘abbé Générat ; on estime toutefois le reste irrémédiablement perdue.

“À l’occasion de la messe des funérailles de Mlle Élise Bisschop, 38 ans, un prêtre qui l’a connue depuis longtemps a cité des lettres écrites de sa main.”

23

2012. Le clergé de Mailly-le-Château décide de commémorer les 50 ans du décès d’Élise par une journée paroissiale en 2014.

On fait un film avec la lecture de textes d’Élise.

24

En 2014, la vie de la paroisse est animée par l'anniversaire d’Élise et la restauration d'un crucifix à Trucy-sur-Yonne. Un journaliste de l’Yonne Républicaine couvre l’événement.

On lui suggère de faire un article sur Élise ; il apparaît fin juillet.

25

Deux jours après, un membre de la famille d‘Élise se manifeste par téléphone. Contrairement aux autres membres de la famille d‘Élise, il habite dans l’Yonne.

Il arrive quelques jours après. Il apporte la plus belle photo d’Élise. On change la couverture de la nouvelle édition du recueil.

26

Trois semaines après, une filleule d‘Élise qui habite à Saint-Florentin contacte la paroisse par lettre. Elle avait été étonnée de lire l’article sur sa marraine.

“J'allai avec ma marraine à l'église préparer l'église pour la messe du Dimanche matin, faite par le père André Générat, prêtre de Mailly.”

27

Un mois plus tard, une fille de Victoria découvre elle aussi l’article de l’Yonne Républicaine.

“J'ai découvert par hasard sur internet les recherches que vous faites sur Elise Bisschop. C'était une grande amie de maman ; elles ont beaucoup correspondu lorsque celle-ci a quitté Mailly après son mariage.”

28

Juin 2015, le nouvel évêque du diocèse vient rendre visite aux pères de Mailly. À la fin du déjeuner, le récit édifiant de la vie d'Elise Bisschop lui est rapporté.

Mgr. Hervé Giraud demande un rapport “sur ce que vous avez fait.”

29

Septembre, Monseigneur Hervé Giraud décide d'ouvrir la cause de béatification pour Élise. La joie dans la paroisse est énorme.

L'évêque demande un deuxième rapport, cette fois-ci sur “la réputation de sainteté d’Élise.”

30

Juin 2016, tandis que la paroisse se trouve en pèlerinage en Norvège, le propre secrétaire de l’évêque retrouve dans un carton à l’évêché les lettres d’Élise à l’abbé Générat.

La stupéfaction, mélangée avec reconnaissance, est générale.

31

En août, après de premiers infructueuses recherches auprès des dominicains le médaillon du pèlerinage de 1962 est découverte dans un carton à Besançon.

Le père Bochin avait conservé le médaillon du pèlerin d’Élise comme seul exemplaire dans les archives.

32

Juin 2017, lors de l’audition de quatre témoins d’Élise, l’une d’elle arrive avec 23 autres lettres d’Élise, écrites à sa sœur, Monique.

“Il faudrait, maintenant, que tu communies à chaque messe, surtout si tu ne peux avoir la messe chaque dimanche : on y trouve tant de force !”

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Septembre, après le décès de Victoria, sa fille retrouve de nombreuses lettres de Marie Bisschop, la mère d’Élise. Incroyable.

“Tout en me répétant qu’elle est heureuse maintenant, qu'elle ne souffre plus… il n’en est pas moins vrai qui c'est affreusement dur ! Je suis si loin d'être digne d’Elle !”

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Décembre 2018, un document d’avril 1964 du Père Bochin revient à la lumière du jour. Il mentionne le décès d’Élise.

“Je confie à votre prière (comme je vous confie à sa prière !) Elise Bisschop, une de nos malades du Pèlerinage 1962.”

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Octobre 2020, nous disposons désormais de 123 lettres d’Élise ainsi que de nombreux autres témoignages.

“Je serais si contente si mon absence donnait à quelqu’un l’idée de me remplacer. C’est peut-être ce qu’il fallait ; au fond, tant que je suis là, personne ne se présentera.”