La mère d’Élise
« Sourire à tout et à tous par amour pour Jésus »
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Les parents d'Élise ne possédaient aucune attache familiale dans l’Yonne. Quand Marie, la mère d’Élise, décède en 1979, la maison est rapidement vendue par Pierre, le frère d’Élise. Après cette date, les habitants de Mailly-le-Château n’eurent plus de contacts avec la famille.
La surprise fut donc énorme quand, en septembre 2017, une des filles de Victoria, l’amie fidèle d’Elise, apporta à la cause de béatification une centaine de lettres, dont 63 étaient écrites par Marie à destination de Victoria. Jamais on aurait cru à une telle action de la Providence si elle-même, une nouvelle fois, n’en avait pas pris l’initiative.
Certes, les lettres déjà trouvées faisaient état d’un grand amour entre la fille et la mère. Bien évidemment, il ne fut pas toujours facile, pour ces femmes, de vivre ensemble tous les jours car Élise grandissait et réclamait son indépendance. Sa compréhension et son grand respect pour sa mère restèrent toutefois toujours exemplaires.
Et inversement, ses lettres le prouvent, Marie avait une profonde admiration pour sa fille et son exemplarité de vie chrétienne.
Les lettres de Marie Bisschop, la mère d’Élise
Le mois suivant le décès de sa fille, Marie exprime son respect pour sa fille :
Merci de votre compassion, je sais combien elle est sincère. Vous sentez bien que j'ai perdu mon Âme… et que j'en reste toute meurtrie… Tout en me répétant qu’elle est heureuse maintenant, qu'elle ne souffre plus… il n’en est pas moins vrai que c'est affreusement dur ! Je suis si loin d'être digne d’Elle !
Je vous embrasse tous bien tristement. Mme Bisschop
L’année suivante, en 1965, Marie raconte que le Père Bochin était venu pour prier sur la tombe d’Élise et qu’il a fait un beau témoignage en sa mémoire :
Ma bonne petite amie,
Merci de ton affectueuse pensée. Je sais bien que « la petite sœur » n’est pas oubliée chez vous, c'est un adoucissement à ma peine. S’il m’est donné de voir encore ce nouveau printemps… sans ma fille chérie c'est trop cruel !
Je ne puis oublier ses souffrances si courageusement acceptées et offertes, ses dernières heures, ses dernières minutes… et je ne puis que pleurer ! Je n'ai pas son courage !J’ai eu, hier, la visite de Père Bochin qui est venu prier sur sa tombe… Il m'a encore dit : « ce n’est pas toujours qu’on a la grâce de rencontrer dans sa vie une fille comme Élise. »
En novembre de la même année, Marie raconte que des personnes sont venues déposer des fleurs sur le tombeau :
Des amis anonymes sont passés là dans l'intervalle des 2 visites que j'ai faites au cimetière aujourd'hui. Et malgré le mauvais temps si brusque, rien a souffert chez nous ; non plus chez ta chère maman si bien fleurie.
C'est très émouvant pour moi de sentir cette fidélité à mon Enfant chérie… Je pense bien que mon « Ange bien aimée » n'oublie pas de protéger tous ceux qu'elle affectionnait ici-bas; j'aime à croire que le Seigneur ne peut rien lui refuser…
En 1966, elle réitère son attachement à sa fille :
Ma chère petite amie.
En ce jour de Pâques, ce m’est un adoucissement de relire tes bonne lignes, de te sentir avec moi auprès de ma fille chérie. Merci de tout cœur. En suivant le Chemin de Croix je m’efforçais de reprendre courage, moi qui suis si loin de notre Divin Modèle ! Ce matin la messe était dite pour cette anniversaire… Mr le Curé en avait décidé ainsi.Pour moi chaque jour est un anniversaire mais je ne puis me défendre de revivre ces dernières heures, ces dernières minutes où je sentais m'échapper ce que j'avais de plus cher au monde !
La même année, le père Bochin revint sur le tombeau :
Ma bien chère Victoria
J'avais eu, quelques jours avant, la visite réconfortante de Père Bochin. Il aime venir La prier sur sa tombe, pensant « que nous avons plus besoin de son aide qu’elle de la nôtre ».
En 1967, elle rappelle à Victoria les souffrance endurées par Élise :
En ce jour de son 42 anniversaire je ne puis m’empêcher de revivre tant de souvenirs, doux ou tristes, tout au long de cette vie d’épreuves physiques et morales qui fut la sienne !
Neuf ans après le décès, la mère révèle qu’Élise avait prédit sa propre mort :
Mailly-le-Château 9 avril 1973, 17 heures
Bien chers amis.
C’est l’heure précise où ma fille bien-aimée s’éteignait, à côté de moi, sans une plainte malgré ses souffrances, après m’avoir dit: « Maman ne t’en vas pas, je vais mourir cette nuit… »Bien sûr je revis ces dernières minutes tragiques, si cruelles malgré les années. Et c’est à la « Petite sœur » qu’elle aimait tant, que je dois ces lignes affectueuses qui me touchent. Merci de tout cœur ma chère petite. Avec l’Abbé Girard ce sont les seules pensées du souvenir que j’ai.
Et l’année suivante, comme si au fil des années les souvenirs se renforçaient, elle reparle de l’agonie de sa fille :
Mailly-le-Château 9 avril 1974
Ma bonne petite amie
Merci de cette lettre touchante que je reçois très fidèlement pour me faire sentir que mon « Ange chérie » n’est pas oubliée… C’est l’heure exacte où ma fille tant aimée rendait le dernier souffle entre mes bras… sans une plainte, alors qu’elle venait de me répondre à la question que je lui posais : « tu souffres? » – « Partout, partout ». Que c’était dur!… Il faisait le plus soleil : elle qui aimait tant la nature…
Si la Providence a permis que ces lettres reviennent à la lumière du jour c’est qu’elles montrent, à travers des paroles simples d’une mère aimante et croyante, le grand courage d’Élise, ainsi que sa fidélité envers le Seigneur, jusqu’à la fin.