À l’occasion de la messe des funérailles de Mlle Élise Bisschop, 38 ans, un prêtre qui l’a connue depuis longtemps a cité des lettres écrites de sa main dans lesquelles nous soupçonnons la grandeur de cette âme, qui a étonné tous ceux qui ont eu la joie de faire sa connaissance. Les jeunes du secteur seront fiers de trouver ces citations dans notre journal, pour l’édification de tous.
À l’occasion de la mort d’un ami elle écrivait : « Voilà que vous avez encore un ami de moins sur la terre. Mais aussi un de plus au Ciel et il y a des moments où nos amis du Ciel sont tellement plus près de nous que ceux de la terre. »
En Janvier 1960 elle écrivait : « Je me suis consacrée au Seigneur à l’âge de onze ans, acceptant à la fois d’être malade toute ma vie et par conséquent de ne pas me marier. Avouez tout de même que le Seigneur semble bien avoir pris au sérieux cette offrande d’enfant. »
Le 7 janvier dernier elle se confiait à ce prêtre de la manière suivante : « Il est difficile de dire toujours oui à la volonté du Seigneur sans Lui demander où Il nous emmène. »
De l’hôpital Saint-Antoine elle écrit : « Je suis heureuse, on est heureux quand on cherche à mettre l’amour de Dieu et sa joie autour de soi. »
Elle comprend si facilement les petits et les grands : « C’est tout de même vrai que ces jeunes ont besoin qu’on les prenne au sérieux. Pour les adolescents, je ne peux leur reprocher de jouer les blousons noirs et de réussir trop bien, ils sont tellement abandonnés à eux-mêmes. »
Elle se connaît elle-même parfaitement : « Je ne suis pas brave du tout, bien que je tâche d’en avoir l’air. »
Et a son dernier retour de Lourdes elle avoue : « Pour moi, j’ai simplement essayé de dire oui. Oui pour tout, oui pour l’avenir, oui pour tout ce que le Seigneur peut me demander qui ne sera pas ce que j’aurais voulu. Maintenant le Seigneur ne me demande peut-être pas autre chose que de dire toujours oui et d’être très proche des autres. »
Une humilité profonde parle dans sa lettre suivante : « Je serais si contente si mon absence donnait à quelqu’un l’idée de me remplacer. C’est peut-être ce qu’il fallait ; au fond, tant que je suis là, personne ne se présentera. Ce serait bête que tout soit gâché faute de moi. »
Au cours d’un premier séjour à l’hôpital d’Auxerre elle écrivait : « Me voici en retraite, à l’école de la souffrance, du dépaysement, de l’obéissance. Ils admirent tous mon sourire et je me demande si j’aurai le cœur de le garder jusqu’au bout. Je garde la paix, je me cramponne à mon chapelet comme à une bouée de sauvetage. Je prie pour mon Mailly, mes petits enfants du catéchisme. »
Et dans sa dernière lettre, datée du 20 mars, elle pouvait dire : « Je crois être bien en état d’offrande et d’abandon. »